Échantillons représentatifs et discours didactiques : l’enseignement-apprentissage des littératures étrangères
Peut-on maîtriser pleinement une langue étrangère sans en connaître et apprécier la littérature ? Peut-on comprendre la littérature sans partager la langue et la culture qui la nourrissent ? Ce colloque vise à mettre la lumière sur le statut du texte littéraire en didactique des langues étrangères, et entend susciter un débat sur la sélection et le traitement des textes retenus dans l’enseignement.
Comment aborder le texte littéraire en langue étrangère révélateur de contextes historiques et sociaux, et d’un imaginaire social collectif reconnu par la communauté dont l’auteur est issu et au sein de laquelle son oeuvre est reçue ? Mise en forme esthétique de représentations partagées, la littérature ouvre des portes sur une autre culture, sur des modes de pensée et des rapports singuliers au monde.
Il fut un temps où les morceaux choisis et ordonnés par époque fournissaient les données d’une certaine culture, des textes « classiques » et esthétiquement remarquables, autant de modèles artistiques et linguistiques.
Faut-il envisager l’enseignement des littératures étrangères selon les schémas de l’apprentissage des langues maternelles autour des mêmes « grands auteurs » ?
Certains textes littéraires sont difficilement accessibles aux apprenants de langue qui risquent de manquer d’éléments linguistiques et culturels indispensables pour une bonne compréhension. Se limite-t-on alors aux textes les plus simples d’un point de vue linguistique en tant que réservoirs de formes facilitant l’entraînement en langue ? Ou préfère-t-on proposer un inventaire des oeuvres « incontournables » qui ont historiquement contribué à forger l’image extérieure d’une culture et qui ont acquis une audience internationale ?
Enseignants de langue et de civilisation, nous nous interrogeons sur la place à accorder à la littérature dans nos formations. L’idée de ce colloque répond à ce besoin. La découverte des réussites esthétiques et intellectuelles écrites dans la langue cible passe-t-elle nécessairement par des cours théoriques sur les genres, mouvements et débats esthétiques ?
D’une littérature à l’autre, d’un discours d’enseignant à l’autre, les étiquettes collées aux phénomènes littéraires peuvent être très différentes. Peut-on lire une oeuvre littéraire sans connaître l’histoire de la littérature ? Jusqu’à quel point le recours à des notions littéraires est-il indispensable ? Comment transposer et appliquer les réflexions théoriques ? Quelle doit-être la part du métalangage littéraire dans les interactions de classe ?
Le texte littéraire est lieu de compréhension et de construction identitaires.
De même, il renvoie à une multiplicité d’institutions-relais (éditeurs, libraires, critiques, salons et prix littéraires). Les raisons de traduire d’une langue vers une autre, s’intéresser à tel auteur ou à telle oeuvre, revient à s’interroger sur les logiques générales qui animent la circulation, la diffusion et la valorisation des textes.
L’association de ces différentes perspectives et démarches de recherche permettra d’interroger la spécificité de nos enseignements de littérature, de dégager leurs modes de fonctionnement et de projeter un éclairage sur les articulations entre langue, littérature et civilisation, textes littéraires et non littéraires, savoirs spécifiques sur la littérature et savoirs courants sur nos comportements.
Dans un tel cadre, il semble intéressant d’engager une réflexion entre enseignants et chercheurs d’aires linguistiques et culturelles variées, mettant ainsi en parallèle des travaux académiques portant sur la littérature française à travers le monde, et des expériences pédagogiques innovantes dans le domaine des littératures du monde en France, et en particulier à l’Inalco.
Contact : Michel Liu Département Chine Inalco michel.liu inalco.fr 06.71.29.67.40